Actes de la Cinquième Journée
MÉDECINE et SANTÉ de l'ADOLESCENT

 

 

 

ADOLESCENTS DIFFICILES: entre AUTORITÉS et SOINS

 

AUTORITE ET SEXUALITE

 

D. MARCELLI[1]

Le rapprochement de ces deux mots, autorité et sexualité, peut apparaître de prime abord comme un accouplement contre nature ! La sexualité n’est-elle pas précisément le domaine dans lequel la règle de l’autorité n’a pas son mot à dire : la sexualité est par essence subversive et vouloir l’assujettir à une quelconque autorité résume parfaitement les impératifs d’une société normative. Y verra-t-on plus clair si on associe les mots adolescence, violence, sexualité et autorité ? C’est en effet autour de ces quatre mots que nous souhaitons articuler brièvement notre propos. L’être sexué devient “ secare ”, c’est à dire coupé du fait de sa sexualité : cette coupure introduit l’individu dans le domaine du manque avec lequel bon gré mal gré il devra s’accoutumer. Cet écart fait violence sur l’individu, d’autant plus qu’il n’y a pas été antérieurement préparé. On dit d’un fleuve que son courant est violent mais on ne dit jamais rien des berges qui l’enserrent : ce proverbe chinois situe parfaitement les enjeux de la violence, terme qui d’ailleurs signifie primitivement un caractère emporté, tumultueux. La violence se situe toujours dans un rapport, rapport entre deux personnes, deux groupes mais aussi entre un contenu et un contenant. On dit volontiers des adolescents qu’ils sont violents, mais a-t-on pensé aux berges qui leur sont nécessaires pour guider des pulsions volontiers débordantes ? Comment un adolescent peut-il soudain apprendre à attendre et patienter, à tolérer la frustration, si depuis sa plus tendre enfance le seul objectif fut de le satisfaire, de répondre immédiatement à ses désirs, en un mot de le combler ? Inversement comment cet autre adolescent peut-il accepter ce temps incontournable de frustration quand sa propre histoire est faite de chaos, de carence majeure où la seule survie possible consiste à vivre de rapine car il n’y a rien à espérer ni à attendre… Les contenants d’autorité sont essentiels à tout être humain, mais leur défaillance se manifeste encore plus clairement chez l’adolescent et tout particulièrement autour de la problématique de la sexualité.

 

Selon l’enquête Baromètre Santé Jeunes de 97/98, près d’un adolescent sur dix (8%) a déclaré avoir commis un acte violent sur quelqu’un au cours des douze derniers mois, avec une nette prédominance des garçons (12,2%) par rapport aux filles (3,5%). Toutes les données épidémiologiques actuelles tendent à montrer une augmentation régulière des comportements de violence ou des conduites de délinquance chez les jeunes avec un abaissement régulier de l’âge des premiers actes délictueux[2].

 

Effectivement, les “ jeunes ” (il resterait à préciser ce qu’on entend sous ce vocable assez large : quelles tranches d’âge exactement ?) présentent plus que les enfants ou les adultes des conduites perçues comme dérangeantes par la société. Cependant, lorsqu’elles portent sur des études longitudinales (des populations suivies pendant plusieurs années ou étudiées à des tranches d’âge successives) toutes les enquêtes montrent que les conduites dites violentes observées chez le jeune adolescent, en particulier dans les années “ collège ” (entre 12/13 ans et 15/16 ans), bagarres, fugues, casse ou dégradation de matériel, etc., ont tendance à diminuer nettement de fréquence avec l’âge, certes sans disparaître complètement. Toutefois, il y a beaucoup moins de comportements violents au lycée qu’au collège. Cette constatation apporte un argument de poids sur le rôle de la puberté et du processus de l’adolescence dans l’expression de certains comportements agressifs ou violents.

 

Revenons un instant à l’enfance. L’enfant doit avoir des limites afin d’être à la fois protégé et contenu : protégé par rapport à sa curiosité, son besoin d’exploration avec les risques auxquels l’enfant peut se trouver exposé, contenu dans ce sentiment de toute puissance et d’affirmation de soi avec le risque de voir ce besoin d’affirmation l’emporter sur tout autre considération, en particulier sur l’existence et les besoins de l’autre. A partir de cette première limite interindividuelle, posée au cours de la petite enfance, l’enfant devra rencontrer une seconde limite, celle de son désir au moment de la période dite œdipienne. Classiquement à ce désir œdipien de “ posséder ” son parent du sexe opposé et d’éloigner le parent de son propre sexe, une limite est mise autant par le parent que par l‘enfant lui-même. Le parent signifie clairement que cette possession exclusive n’est ni possible ni souhaitée. L’enfant craint de s’attirer la colère de celui qu’il veut exclure. Il a peur d’une punition et d’une rétorsion : la punition se représente sous la forme de la “ menace de castration ”, d’autant plus précise que le jeune enfant peut être “ excité ” par l’idée de la scène primitive et que cette excitation peut prendre la forme d’une auto-excitation de type masturbatoire. L’énoncé de cette menace prend la forme de l’interdit de l’inceste, plus classiquement affirmé par la parole du père. La rétorsion se traduit par la peur de perdre l’amour et la protection de l’un des parents, la mère en particulier. Pour s’éviter de tels désagréments, l’enfant renonce à ses désirs œdipiens pour se tourner vers des intérêts sublimatoires tels que les apprentissages, ou vers le désir d’être comme son parent (à défaut de l’écarter, cherchons à lui ressembler…). Cet interdit œdipien pose à l’enfant une limite, celle de son désir, avec la nécessité concomitante de devoir tenir compte de la réalité et de ce que l’autre représente quand on est habité par un tel désir. Cela lui est d’autant plus “ facile ” qu’à cet âge il n’est pas encore pubère et que sa sexualité reste dans le registre de l’auto-érotisme. Ainsi cette limite imposée à la sexualité infantile, au désir de l’enfant vient redoubler la limite précédente, acquise durant le petite enfance, celle qui protège et contient. S’il peut garder en fantasme l’idée de sa toute puissance pour “ quand il sera grand ”, cette double limite en revanche, celle qui est imposée par ses parents et celle qui provient de son immaturité sexuelle, le protège et le canalise. Telle est la description classique de ce qu’on appelle le conflit œdipien et qu’on trouvera encore souvent décrit à quelque variantes près de cette manière. Cependant les temps ont profondément changés et de notre point de vue, ces changement affectent la façon dont l’enfant peut rencontrer non seulement une limite externe mais aussi sa limite interne. De nos jours en effet, tous les parents connaissent ce “ conflit œdipien ”, savent que cela fait parti du développement normal et aucun d’entre eux ne songerait à menacer son enfant ni d’une “ castration ” fut-elle symbolique, ni d’un retrait d’amour ! Tout au plus quand le petit enfant semble vraiment s’exciter, peuvent-ils lui dire : “ va faire ça dans ta chambre… ”. Par ailleurs, avec la disparition de la “ puissance paternelle ” et l’affirmation de l’autorité parentale conjointe, chaque parent a tendance à se situer avec son enfant dans une relation plus dyadique que triadique, le souci essentiel étant souvent de s’en faire aimer plus que de lui donner des limites ou de l’éduquer. Dans ces conditions l’enfant est en réalité plus confronté à une permissivité œdipienne que qu’à un réel interdit.

 

Donnons un exemple de cette permissivité œdipienne : une mère rentrant chez elle surprend sa fille de 9 ans et demi avec son cousin de 14 ans en train de regarder une cassette pornographique (achetée par le frère aîné). Elle passe devant les enfants et se contente de leur dire : “ Quand est-ce que vous aurez fini de regarder ces bêtises… ” Elle n’interdit pas vraiment ni ne confisque la cassette ! Il s’agirait simplement de “ bêtises ” comme celles que l’on peut faire quand on est enfant en prenant de la confiture dans le placard : confusion complète de registre. Quelques jours plus tard, le cousin regarde sa cousine avec des yeux “ bizarres ” dit la fillette, les yeux “ comme dans la cassette ”. Par jeu elle lui dit “ tu veux faire l’amour ?”, le cousin excité par cette “ proposition ” se déshabille aussitôt, la fillette pour ne pas avoir l’air ridicule fait de même, ils se caressent et au moment de la pénétration devant la douleur la fillette crie, mord à l’épaule son cousin, ce qui arrête le “ jeu ” ! Toute la famille se retrouve aux urgences de l’hôpital et l’on parle d’abus sexuel, ce qui dans l’absolu n’est pas faux… Il faudra attendre l’arrivée du pédopsychiatre pour que les deux enfants y compris la fillette reçoivent une admonestation, ce que jusque là personne n’avait songé à faire. On peut avancer l’hypothèse que cette fillette en disant cela à son cousin se laissait aller à sa curiosité d’enfant et “ jouait ” à la grande fille sans vraiment prendre conscience de la réalité de sa proposition. Assurément si elle avait eu quelques années de plus, 12/13 ans par exemple, elle n’aurait pas dit cela, consciente des enjeux. Quant au cousin il est non moins vrai qu’il aurait du être capable de contenir son excitation. Mais comment aurait-il pu apprendre cette limite quand sa tante se contentait de parler de “ bêtises ” lorsque, quelques jours auparavant, il regardait une cassette porno avec cette même cousine.

 

Ainsi, même quand cet interdit est énoncé, c’est plus souvent dans un climat de grande paradoxalité. Finalement les parents s’amusent plus des désirs œdipiens de leurs enfants qu’ils ne s’en offusquent et ne cherchent à les limiter. En outre, dans la fréquente compétition pour l’amour de l’enfant dans lequel chaque parent se trouve engagé, l’objectif prioritaire semble être de le séduire, de l’attirer à soi quand le parent est seul avec son enfant plutôt que de faire référence à un tiers qui s’interposerait dans une proximité/intimité relationnelle de plus en plus recherchée entre un adulte et “ son ” enfant  (et non pas “ notre ”) comme marque d’une “ vraie ” relation ! Cela apparaît d’autant moins grave que de toute façon l’enfant étant impubère, il n’y a pas de risque.

Finalement la seule limite que l’enfant rencontre, c’est celle de sa physiologie ! Effectivement il est protégé par cette immaturité sexuelle. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, la toute puissance de ce désir peut prendre la forme des caprices que pendant un temps les parents pourront encore chercher à satisfaire. Mais hélas pour l’enfant comme pour les parents, la puberté va bouleverser cette donne ! Ce climat que nous nommons “ permissivité oedipienne ” n’est pas susceptible de donner à l’enfant l’expérience de sa limite interne, l’expérience d’une nécessaire limite à imposer à son désir, l’expérience de la contrainte inhérente au respect du désir de l’autre. Dans ce climat de “ permissivité oedipienne ” quasi généralisée, l’enfant n’est plus protégé que par son impuissance orgasmique, par son immaturité sexuelle. Mais cette impuissance et cette immaturité ne représentent en aucun cas une limite : elles définissent un état. Quand cet état d’impuissance cessera, alors l’individu risque de ne supporter aucune entrave à l’expression de ce désir. Il le supportera d’autant moins que durant toute son enfance il a gardé intacte la conviction de la toute puissance de son désir, conviction mise au service de cette instance assertive que nous avons décrite dans notre dernier ouvrage[3]. Obtenir la satisfaction est alors d’autant plus urgent que désormais, avec la puberté, il ne s’agit plus d’un désir mais d’un besoin ; l’exigence de ce besoin est ressentie comme impérieuse et le souci de le combler passe avant le souci de l’autre, la prise en considération de son point de vue émotionnel, de la réciprocité des désirs, en un mot du “ désir de l’autre ”. Les débordements tant externes qu’internes deviennent menaçants.

 

L’adolescence est précisément cette période où la sexualité envahit l’individu et au travers de la puberté engage le grand enfant dans un processus de transformation irréversible. Le jeune adolescent, mis en situation de passivité, est la proie de cette transformation physiologique. Son corps se transforme inéluctablement et à aucun moment l’adolescent n’a son mot à dire dans ce processus de transformation! Voilà qui peut être intolérable pour quelqu’un qui jusque là, dans un sentiment d’assertivité triomphante a toujours fait l’expérience de la toute puissance de l’affirmation de soi, de son désir, de ses caprices. Ce même jeune en est réduit à guetter chaque matin dans la glace de la salle de bain, les traces d’une transformation subie plus que maîtrisée. Cette pression est souvent ressentie comme une violence faite à soi-même, d’autant plus ressentie comme telle que jusqu’à présent on lui a toujours demandé son avis, on en a tenu compte et on lui a donné le sentiment qu’il était le propriétaire exclusif de son corps. La puberté réalise une sorte d’aliénation par le corps donnant le sentiment au jeune que d’une certaine façon il ne s’appartient plus lui-même. Véritable contradiction avec ce que la société occidentale ne cesse de raconter et de répéter : il y a de quoi ne pas croire les adultes. On peut concevoir que la colère puisse être décuplée surtout si le corps a le mauvais goût de choisir un modèle de transformation que le jeune récuse !

En voici un exemple : ce jeune adolescent ne supporte pas la transformation pubertaire de son nez, qui soudain prend les caractéristiques du nez paternel. Il se trouve que ce jeune a été largement “ couvé ”, comme on dit, par une mère qui lui portait une admiration narcissique sans borne tout en dévalorisant constamment son mari dont le nez était l’objet régulier de ses moqueries. Ce nez réalise une véritable persécution installée dans le corps lui-même et bien sûr ce jeune n’a de cesse d’obtenir une transformation chirurgicale de cet appendice détesté. La chirurgie n’apportera qu’une détente relative et temporaire car ce qui était détesté était en réalité la transformation masculine…

Cette contradiction entre le discours social : “ ton corps t’appartient, tu en es le seul propriétaire et maître ”, d’un coté, et de l’autre le sentiment d’être soudain mis dans un état de passivité où on doit subir quelque chose, exacerbe la tension inhérente au processus pubertaire, le sentiment de dépossession, la confrontation à une intolérable limite et par conséquent le besoin réactionnel de retrouver la maîtrise en particulier sur son corps. Cette contradiction a de tout temps existé mais elle était jadis encadrée par les rituels sociaux d’un coté, en particulier les rituels de marquage du corps au sens large : nouvelle manière de s’habiller, nouvelle coiffure, marquage proprement dit du corps dans les sociétés dites traditionnelles, etc. Toutes ces marques avaient pour rôle de signifier que désormais ce jeune était intégré parmi les adultes et cette reconnaissance procédait d’un rite social partagé par la communauté. D’un autre coté cette contradiction était aussi contenue par l’idéologie communément partagée en particulier celle d’une autorité qui coiffait nécessairement les individus, que cette autorité s’incarne dans des valeurs religieuses ou laiques. Maintenant c’est un peu comme si devant ce corps qui lui échappe et face à l’absence de tout encadrement social, le jeune pubère n’avait d’autre solution pour proclamer la propriété sur son corps que de s’engager dans une escalade de marquages auto infligés. C’est le sens de toutes ces “ blessures ”  que nombres de jeunes semblent vouloir s’administrer, retrouvant peut-être grâce à ces gestes une part d’activité et d’emprise sur un corps qui paraît leur échapper : tatouages, perçings en tout genre, auto mutilations, scarifications à répétition, tentative de suicide… Par ces actions volontaires de marquage corporel, le jeune tente de se ré-approprier un sentiment de possession du corps, d’un corps qu’il pourrait choisir et qui ne lui serait pas imposé comme la puberté est en train de le faire d’une façon intolérable ! Cette violence est évidemment d’autant plus grande que la violence a depuis l’enfance représentée le mode relationnel habituel et que ce jeune éprouve un doute intense quant à son identité : se marquer ainsi renforce un sentiment d’auto création, d’auto engendrement. Là encore l’instance assertive est à la fois le moteur de ce comportement et y trouve un renforcement nécessaire au moment où précisément une limite pourrait être imposée par la réalité. Certes cette dynamique a toujours existé mais elle prend de nos jours une intensité nouvelle par l’absence de limite socialement prescrite d’un coté et de l’autre par l’exacerbation du discours ambiant, du discours politiquement correct : chaque individu est le seul et exclusif propriétaire de son corps. On connaît les dérives de cette affirmation au travers de cet “ art ” (?) nouveau qui prend le corps comme objet de manipulations/transformations ou de ces personnes qui par des interventions chirurgicales répétées se fabriquent une nouvelle plastique auto créée… Les adolescents, parce qu’ils font la douloureuse expérience de ne pas posséder ni maîtriser la transformation pubère de leur corps, sont les premières victimes de cette croyance ! Certaines tentatives de suicide peuvent apparaître à l’adolescence comme une volonté d’affirmer cette possession sur son corps propre, ainsi que nous l’avons évoqué dans un autre ouvrage[4].

 

Mais le résultat de la puberté, c’est essentiellement la transformation sexuée de ce corps : désormais, le jeune adolescent devient homme ou femme et doit assumer ce que signifie cette modification. La sexualité introduit le jeune dans un état nouveau car le fait d’être sexué le confronte à une coupure radicale : sexualité provient du latin secare qui signifie être coupé. L’irruption de la sexualité confronte l’individu à la coupure de soi-même, à son incomplétude donc à la dépendance : en effet, à partir du moment où le sujet est sexué, il ne se suffit plus à lui-même et la satisfaction de ses besoins dépendent désormais en partie du bon vouloir d’autrui ! Du temps de l’enfance, un individu n’a pas de désirs qui ne puissent être satisfaits pleinement : nourriture, chaleur et protection, amour parental, jeux et jouets, affection, tout cela rempli la vie d’un enfant et peut le “ combler ”. Certes il peut, comme on l’a vu, en vouloir toujours plus, “ demander la lune ”, avoir un caprice nouveau, mais en général sauf exception il finit par obtenir ce qu’il désire sans que cela empiète sur le désir de l’autre. L’adolescence, et avec elle la sexualisation du corps, placent l’individu dans un tout autre registre : la sexualité est nécessairement un partage et implique la reconnaissance du désir de l’autre. L’auto érotisme doit cèder le pas à l’érotisme partagé. En même temps le jeune adolescent est envahi par une pulsion sexuelle qui ne connaît d’autre logique que celle de sa satisfaction propre ! La pulsion cherche son objet d’assouvissement. Habituellement ce jeune adolescent commence par se tourner vers ceux qu’il aime et qu’il connaît, ceux qui, jusqu’à ce moment, lui ont procuré plaisir et satisfaction : ses parents. Mais voilà que ceux-ci ne l’apaisent plus comme ils le faisaient auparavant. Au contraire ses parents soudain l’excitent, l’énervent[5] ! Cette excitation trouve sa source dans les pulsions sexuelles qui envahissent désormais le corps et le psychisme de ce jeune : il n’est plus protégé comme du temps de l’enfance par son immaturité sexuelle. Il doit donc trouver une solution, d’autant que le climat de permissivité œdipienne dans lequel il a été élevé ne lui donne pas les limites, les barrières naturelles sur lesquelles il puisse s’appuyer. La menace de l’inceste cogne dans sa tête… Mais l’horreur de l’inceste continue de frapper son regard ! Même l’auto érotisme perd soudain la relative innocence qu’il avait dans l’enfance car la représentation d’un parent au cours d’une scène de masturbation ou d’une rêverie érotique devient soudain traumatique[6] ! En même temps quand cet adolescent se tourne vers l’extérieur, il fait alors connaissance avec une dimension nouvelle celle de l’altérité : l’autre est différent de soi et l’on ne sait jamais exactement quelles pensées l’habitent, quels désirs le mobilisent. Notre jeune adolescent doit donc accepter de renoncer au lien infantile qui l’unissait à ses parents et chercher à l’extérieur de la famille un nouvel objet d’amour. Mais il est rare que celui-ci se présente aussitôt. En général, cet adolescent devra faire l’épreuve d’un temps d’attente, d’un temps de frustration. C’est à ce point précis que l’intériorisation d’une limite, d’une loi est précieuse et indispensable. Lorsque l’enfant a pu faire l’expérience de cette triple limite : celle d’une autorité qui contient et protège le jeune toddler, celle d’une puissance parentale qui s’est interposée face au besoin tout puissant d’affirmation de soi de l’enfant en période d’opposition, celle enfin de l’interdit œdipien clairement énoncé pour l’enfant de 4-5 ans, alors le jeune adolescent pourra d’autant plus facilement contenir son excitation, accepter d’attendre, et espérer trouver un jour un objet de comblement. Cette capacité de contenir à l’intérieur de soi une tension, une insatisfaction temporaire, de différer pour un temps le moment de la décharge pulsionnelle repose nécessairement sur ces expériences de la petite enfance et de l’enfance où une assertivité de soi a pu s’élaborer sans que la rencontre de l’autre ne constitue une menace, une entrave ou un empiétement. Dans le cas contraire, la non satisfaction pulsionnelle conduit tout droit ce jeune à éprouver cette frustration comme une menace à son omnipotence ou même simplement à son besoin assertif : c’est mon besoin, mon désir et rien d’autre ne compte…En témoigne cette affaire de “ tournante ” abondamment relatée par la presse au moment des faits [7] : huit adolescents de 14 à 16 ans décrits par le parquet comme de “ braves garçons sans casier judiciaire, non déstabilisés socialement et totalement inconscient de la gravité de leur acte ” ont violé une jeune fille de 15 ans décrite comme timide, réservée et plutôt fragile, après que deux d’entre eux l’aient entraînée dans un hall d’immeuble et appelé les autres avec leur portable ! Ces jeunes “ étaient jusqu’ici connus pour s’être montrés un peu agités, voire arrogants ou insolents mais jamais violents ” selon l’inspecteur d’académie. Quant à l’établissement lyonnais fréquenté par ces jeunes comme par la victime, sa “ réputation est loin d’être sulfureuse dans un quartier aisé de la rive gauche du Rhône. Certes il a connu, comme bien d’autres, des actes d’incivilité, quelques petits délits, mais ce CES n’est en aucun cas considéré comme sensible voire difficile ”. Au delà de toutes les explications sociologiques, lesquelles ne manquent pas, il reste dans cette situation le constat suivant : des jeunes habités par une pulsionnalité dont ils ne savent que faire, à la recherche d’un “ objet ” de décharge, inconscients de la place de l’autre et de la violence qu’ils lui font subir. Il n’est pas sans intérêt de noter “ qu’une cellule d’écoute a été mise en place pour expliquer la situation et éviter les rumeurs mais que la solidarité envers la victime n’a pas été spontanée. Selon l’assistante sociale, les collégiens marqués par une violence d’élimination du plus fragile, comme dans le Loft, ont du mal à accepter l’implication de leurs camarades. Certains évoqueraient volontiers la légèreté de la victime pour expliquer l’acte ” Laissons à l’assistante sociale ses commentaires non dénués de pertinence sur la violence de l’élimination des plus fragiles, et remarquons que les collégiens, les garçons surtout, semblent presque solidaires des agresseurs, solidarité qui n’est pas sans surprendre et même stupéfier les intervenants de la cellule d’écoute comme les journalistes. On est en droit de penser que cette réaction des autres adolescents traduit probablement leur propre malaise face à ce qu’ils perçoivent confusément comme un acte qu’ils auraient peut-être pu commettre eux-mêmes : ils s’identifient aux agresseurs, et non pas à la victime, et cette identification leurs fait chercher des excuses à ce comportement… Cela témoigne indirectement de ce désir assertif, ce besoin d’évacuer une insupportable tension interne sans prendre en considération le désir de l’autre. Incontestablement la pulsion sexuelle fait “ violence ” au psychisme de l’adolescent et si celui-ci ne peut s’adosser à des règles, des limites, des interdits intériorisés alors la logique de la satisfaction pulsionnelle risque d’être la seule qui s’impose au(x) jeune(s). Il n’est d’ailleurs pas sans intérêt de constater qu’il soit nécessaire qu’une cellule de crise se déplace pour “ expliquer la situation et éviter les rumeurs ” ! Expliquer quoi, éviter quelle rumeurs ? A travers la nécessité de cette intervention sociale se lit en creux le défaut majeur de contenants d’autorité sociale partagés avec pour conséquence la seule règle du plus fort : mais n’est-ce pas la seule idéologie que notre société semble promouvoir auprès de nombreux jeunes ? S’interdire quelque chose, accepter le sens de la frustration, attendre un peu, ne sont plus les valeurs de cette société : il n’est pas étonnant que les individus parvenant à l’adolescence avec le moins de barrières intériorisées possibles, immergés ensuite dans un bain social qui vante les mérites de tout, tout de suite, aient quelques difficultés à soudain être capables de différer leurs plaisirs, leurs besoins quand ils ne peuvent se soutenir d’aucune règle, aucune morale, aucune éthique, appelons cela comme on veut. Ainsi la sexualité qui envahit l’adolescent confronte celui-ci à une chose douloureuse pour l’être humain : un sentiment d’incomplétude et la nécessaire reconnaissance de sa dépendance à autrui. Cela survient au moment précis où ce même jeune a pour principal souci d’affirmer son indépendance, de refuser toute marque de dépendance ! Paradoxe central de l’adolescence, qui pour être surmonté doit faire l’épreuve d’une relative frustration , d’un temps d’attente. Mais l’éducation familiale ne doit pas être la seule incriminée ; en effet l’environnement social des jeunes ne leurs rend pas la tâche facile, en particulier du fait d’un climat de propositions sexuelles sinon généralisées du moins largement exposées. Prenons un exemple : “ Aubade, leçon n° 39. Tester sa résistance ”. Cette publicité fait preuve d’une incontestable esthétique, les affiches sont plutôt belles, l’humour y est très présent et par rapport à l’image, le texte prend un contre-pied non dénué de subtilité. Mais il n’en reste pas moins que les jeunes femmes ainsi offertes à la concupiscence du regard ne sont pas sans éveiller une promesse d’excitation sexuelle. Comment résister ? Et où sont ces affiches ? Partout dans la ville, souvent dans les abris bus, là où les jeunes attendent leur bus pour partir en classe ! Bien sûr quand ces mêmes jeunes ont intériorisés des limites, des interdits, un code moral, ils peuvent éventuellement en rire, prendre la distance nécessaire pour ne pas en être envahis… Mais quand ces mêmes limites, interdits, codes n’ont pas été proposés ni a fortiori intériorisés pendant l’enfance, alors ces jeunes risquent d’être soumis à une excitation qui les débordent. Par ces réflexions nous ne souhaitons pas nécessairement réintroduire une censure qui d’ailleurs à l’époque de l’internet, n’a probablement plus aucune pertinence. Nous voulons plus simplement mettre en relief les nombreux paradoxes auxquels les adolescents de cette époque sont désormais confrontés : disparition sinon totale du moins assez importante des limites et des interdits familiaux traditionnellement transmis par les parents, discours social basé sur le triomphe et l’admiration du plus fort, disqualification de tout discours véhiculant la valeur de l’attente et de la frustration, enfin exposition généralisée à la sexualité dans ses aspects les plus visuels : l’image d’une femme offerte ou qui s’offre couvre littéralement murs, écrans, hebdomadaires… Plus que jamais les adolescents ont besoin d’un code de lecture que plus personne ne semble soucieux de leur procurer ! La société n’a-t-elle pas les adolescents qu’elle mérite, au sens où ces adolescents apparaissent aussi comme des victimes qui révèlent les excès de notre société[8]. B. Bettelheim, un psychanalyste qui eut son heure de gloire dans les années soixante-dix, déclarait qu’à partir du moment où un jeune avait eu une première relation sexuelle, il n’était plus éducable. Qu’est-ce que cela veut dire ? Désormais ce jeune dans ses relations à autrui sera guidé essentiellement par son expérience et par ses désirs parce que l’expérience sexuelle est quelque chose qui ne se transmet pas, ne s’apprend pas d’autrui mais uniquement de soi-même et par soi-même. Il n’est plus trop enclin à écouter les autres, ses parents en particulier : il n’est plus accessible à leurs conseils, leurs recommandations, voire leurs commandements, car c’est sa propre expérience qui devient son principal guide, sa référence. C’est pourquoi les limites, les règles, les codes moraux auxquels ce jeune pourra spontanément se conformer ne peuvent reposer que sur les acquis de l’enfance : ce que ce jeune aura intériorisé du temps de l’enfance il pourra le conserver. En revanche si ces limites, ces codes n’ont pas été intériorisés, il faudra souvent la rencontre avec la rigueur et la sévérité de la loi, les contraintes de la réalité extérieure et des exigences de la vie en société pour que celles-ci lui soient imposées, de l’extérieur en quelque sorte, dans un climat de contrainte dont la violence n’a souvent d’égale que la violence avec laquelle ce jeune risque d’être entraîné par ses propres exigences pulsionnelles : à défaut d’avoir été intériorisée, l’autorité devra peser de tout son poids comme une menace externe plus ou moins permanente. A défaut d’avoir fait preuve d’autorité dans l’enfance, par carence de ce lien d’autorité intériorisé dès le prime enfance, la société devra se montrer “ autoritaire ”, faire preuve d’autoritarisme pour imposer de l’extérieur à cet individu les limites sociales qui ne lui ont pas été données puis élaborées de l’intérieur[9]

 

Sans vouloir stigmatiser cette période de la vie, on peut cependant avancer l’idée que le “ pubertaire ” porte en lui un potentiel d’excès et de désorganisation qui durera tant que l’adolescent n’aura pas trouvé un objet susceptible de procurer la satisfaction, c’est à dire un but à cette pulsion. Cet état de déséquilibre lié à la  pulsionnalité envahissante crée chez le jeune un éprouvé de manque, un sentiment d’insatisfaction plus ou moins douloureux et un état de conflictualité psychique qui prend en début d’adolescence une allure insoluble puisque ce qui est souhaité est en même temps ce qui est redouté. En effet ce que recherche d’abord la pulsion sexuelle nouvelle, dans un mouvement inconscient, c’est de s’unir étroitement à son parent œdipien, celui vers lequel les désirs du temps de l’enfance le dirigeait. Mais un tel élan actualise aussitôt la menace d’une confusion incestueuse. Aussi par contrecoup, cette horreur de l’inceste envahit le champ du conscient et contraint ce même jeune à devoir s’éloigner de ses parents, ceux qu’il aime. Toutefois, en s’éloignant, il risque de se sentir abandonné ou perdu. Parfois il peut choisir de dévaloriser ou disqualifier ces mêmes parents comme pour mieux s’en détacher mais au risque de s’installer dans une opposition dangereuse à tout ce qu’ils représentent ou à toutes les valeurs qui sont les leurs ! Ce vécu de manque et cette conflictualité persistante “ prend la tête ” du jeune et augmente son niveau d’excitation. Quand, dans son passé, ce jeune n’a pas eu d’expérience trop négatives, quand il a appris à attendre en faisant confiance aux adultes pour retrouver son état de confort antérieur, quand il a acquis des règles et des limites et quand enfin il est porteur d’un idéal accessible, alors il peut sans trop de dommages ni de douleurs supporter temporairement cet état de tension et d’insatisfaction. En revanche quand ce jeune a subi de façon itérative  des violences,  a vu des adultes régulièrement recourir à la violence comme mode apparent de gestion des difficultés, quand son expérience lui a montré qu’on peut difficilement faire confiance aux adultes parce qu’ils ne tiennent jamais ou très rarement les engagements pris, quand il n’a intégré dans son passé aucune autre limite que celle de son “ bon plaisir ” et que les règles ne sont que l’expression du sadisme du plus fort, quand l’idéal n’a pas de sens car il n’y a rien à attendre ni à espérer, alors cet état de malaise et d’insatisfaction est à la fois intolérable et dangereux car potentiellement désorganisant. Il faut le faire cesser au plus vite en passant à l’acte, en prenant à l’autre ce dont l’adolescent pense avoir besoin et au pire en supprimant l’autre dont le plaisir et l’apparente jouissance deviennent comme d’insupportables provocations. On aura compris que plus l’adolescent a vécu des situations de carence dans son enfance (quelque soit le type de carence : carence affective, carence majeure d’autorité, carence éducative, carence de valeur morale), plus l’adolescence éveillera un état de violence interne susceptible de se décharger sur le premier élément de la réalité venant à sa rencontre. Cela est d’autant plus vrai que le climat d’urgence dans lequel vit notre société cautionne l’exigence des adolescents d’être satisfaits ou apaisés sur le champ, qu’il ne sert à rien d’attendre ni de se refuser un plaisir qu’on peut prendre sans se préoccuper de savoir si l’autre est prêt à accepter. Encore une fois on peut souligner que si l’adolescent est trop souvent l’incontestable acteur de violences inacceptables, il n’est tout aussi souvent que le vecteur et la victime d’une violence généralisée dans laquelle il a toujours vécu et qu’enfin l’adolescence est un puissant révélateur de violence tant au plan psychique individuel au travers d’une pulsionnalité qui devient envahissante, qu’au plan collectif, au milieu d’une société dont l’urgence à satisfaire le moindre des besoins, la moindre des envies devient la plus violente des valeurs.

 

On pourra trouver les références et des développements plus complets dans : Marcelli D., L’enfant chef de la famille, l’autorité de l’infantile, Albin Michel, Paris, 2003.



[1] * Professeur de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, Chef de Service, Centre Hospitalier Henri  Laborit - 86021 POITIERS

[2] Pour plus de détails voir : P. Alvin et D. Marcelli : Médecine de l’adolescent, chapitre 41, p. 253-264, Masson, Paris, 2000, 1 vol.

[3] Marcelli D. L’enfant, chef de la famille. L’autorité de l’infantile, Albin Michel ed., Paris, 2003.

[4] Marcelli D., Berthaut E. : Dépressions et tentatives de suicide à l’adolescence, Masson ed. , Paris, 2001, p. 149/150.

[5] Là où jadis du temps de l’enfance la proximité parentale procurait l’apaisement et le calme, avec la puberté et l’adolescence, la proximité parentale devient, en deçà d’une certaine distance, motif d’excitation et de tension : “ tu m’énerves ! ” dit le jeune adolescent à son parent qui tente de le calmer en s’approchant de lui. La pulsionnalité nouvelle qui habite l’adolescent prend le parent pour cible…

[6] Il n’est pas exceptionnel qu’un adolescent fasse au moins une fois un rêve d’inceste. Ce rêve est toujours hautement traumatique, prend des allures de cauchemars et surtout aboutit au fait que désormais ce jeune a peur de ses pensées, de ce qu’il peut avoir dans la tête ! Situation éminemment douloureuse où le sujet doit se méfier d’une partie de ses propres pensées…

[7] Le Figaro du 24/05/02, p. 10, Le Monde du 25/05/02, p. 9 : les citations en ithalique proviennent de ces deux articles de presse.

[8] Bien évidemment nous pensons ici tout particulièrement aux films pornographiques qui peuvent être vus très régulièrement sur l’écran de télévision familiale dès le plus jeune âge, parfois en compagnie des parents mais aussi plus tard en cachette par le grand enfant ou le jeune adolescent. Un mouvement semble se constituer pour s’élever contre cet envahissement de l’espace familial, par le CSA, le défenseur des enfants, etc. Mais là encore les intérêts financiers semblent beaucoup plus repérables et comptables que l’intérêt de l’enfant : “ Le X reste indispensable à l’économie de certaines chaînes payantes, un cinquième des abonnés regarderaient les films pornographiques ”, titre un article du Monde, 10/07/02, p. 19. Et à cause de l’ostracisme dont elle serait la victime : “ la situation industrielle (du porno) serait peu satisfaisante ” (même page, article : La pornographie risque l’interdiction à la télévision). Ce genre de questionnement à au moins l’avantage de dévoiler clairement les vrais enjeux… Cependant le thème de la pornographie et celui de la protection des mineurs semble lui aussi en voie d’être vendeur : il est complaisamment repris par les médias. Exemples : dossier dans Le Nouvel Observateur de Juillet 2002, n° 1968, p. 12-25 ; article dans le Journal du Dimanche du 28/07/02, p. 2…   

[9] La question ici posée est celle de l’incarcération des mineurs : faut-il ou non enfermer un mineur violent et délinquant, récidiviste en particulier, dans un lieu clos, quelque soit le nom donné à ce lieu ? L’actualité politique et la pression populaire ne semblent pas des justifications suffisantes. Cependant une réponse aussi pondérée que possible est nécessaire : la réalité impose de reconnaître que certains jeunes font preuve d’un débordement répété de violence difficilement compatible avec les impératifs d’une vie en société. Pour ces quelques jeunes qui, en réalité, sont peu nombreux, il est incontestable que le fait de rencontrer une limite concrète et matérielle à leur violence destructrice et haineuse constitue souvent un préalable posant le cadre nécessaire pour qu’un travail éducatif puisse se mettre en place. Toutefois cet enfermement n’aura de sens que si, et uniquement si, le jeune pourra pendant ce temps d’enfermement faire l’expérience nouvelle pour lui d’une éthique de la “ bonne – veillance ” (voir D. Marcelli, 2003) et d’une relation de confiance. S’il s’agit simplement d’extraire ce jeune de la société pendant “ un certain temps ”, de l’enfermer puis de le “ relâcher ”, le risque est grand alors d’avoir accru chez ce jeune son sentiment d’incompréhension, sa violence et finalement sa dangerosité potentielle pour la société. Le travail éducatif, ou ré-éducatif, pendant la période de contrainte est donc essentiel : il passe obligatoirement par la mise en place d’une relation de qualité laquelle repose sur la disponibilité, la formation et le nombre des professionnels au contact de ces jeunes. Pendant ce “ séjour ”, l’expérience d’une relation de confiance, la découverte d’un lien d’appartenance fondé sur une nécessaire dépendance à autrui sont des temps fondateurs comme le montrent régulièrement les expériences faites avec ces jeunes. Quels moyens financiers notre société acceptera-t-elle de consacrer à ces jeunes en grande difficulté ?